Si Fodieris Invenies

10 articles explorent ce Rite et ses rituels. Celui-ci est le premier. Les autres se suivent à au moins un mois d'intervalle. Bonne lecture.

Le Rite Écossais Primitif (1), dit de Namur, présentation.

Le Rite Écossais Primitif (2), dit de Namur, présentation.

Le Rite Écossais Primitif (3). Étude des trois premiers grades.

Rite Écossais Primitif (4). Maître Parfait (4e grade).

Rite écossais primitif (5). Les grades de la maçonnerie ancienne et renouvelée (5e au 22e)

Rite écossais primitif (6). La Maçonnerie de la « Haute Science » (23e au 28-29e grade)

Rite écossais primitif (7). Grand Élu de la Vérité, 29e grade.

Rite écossais primitif (8). Novice-Chevalier de l'Intérieur, 30e-31e grades.

Rite écossais primitif (9). Préfet de l'Intérieur, 32e grade

Rite écossais primitif (10). Commandeur de l'Intérieur, 33e grade.

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Le « Rite écossais primitif », dit de Namur, se présente en 33 grades.

L’origine de ses grades plonge dans le XVIIIe siècle, même si c’est manifestement au tout début du XIXe siècle, sinon à la fin du XVIIIe, que la série commença/fut arrangée en 33 grades, peut-être à l’image des 33 grades du REAA de Charleston, ou est-ce l’inverse.

En effet, curieuse histoire que les « Nova Instituta Secreta » qui forment un préambule aux « Grandes Institutions du REAA ». Ces textes importants sont repris dans le livre d’or du comte de Saint-Laurent lequel se trouve dans les archives de la GL de Pennsylvannie. Le document lui-même est difficilement datable (rédigé en latin à des époques différentes ?) propose la date de 1836 comme point final. Document très particulier, qui, néanmoins, dans la genèse et l’élaboration finale du REAA, ne peut être négligé, au contraire, comme le montre avec rigueur Alain Bernheim dans une remarquable étude, dont les éléments principaux furent publiés par « Renaissance Traditionnelle ».

Voici l’extrait qui fonde le soupçon d’antériorité, mais d’autres éléments devraient également être pris en compte, pour et contre, ce qui fait que, actuellement, nous ne savons pas. Notons, chose curieuse, que ces grades prétendument empruntés (vrai, faux, nous ne savons pas) sont précisément ceux qui manquent dans la série des rituels du Morgan.  Je vous proposerai ultérieurement une petite analyse à ce sujet :

« Unde vigesimus gradus Ritus qui primævus vocatur, vigesimus ordinis erit : vigesimus, ac tertius & vigesimus gradus Perfectionis, aut decimus sextus, ac quartus & vigesimus Ritus Primævi, Unus & vigesimus, ac octo & vigesimus Ordinis erunt. » (« le 19e degré du Rite dit Primitif sera le 20e de l’ordre ; les 20e et 23e grades de la Perfection, au 16e et 24e du Rite Primitif, seront les 21e et 28e de l’ordre  »)

Les origines des rituels du rite de Namur, hormis les 4 premiers grades (comportant un 4e grade de « passed the chair ») dont on peut soupçonner une origine écossaise, -ils appartiennent de toute évidence à la filiation des "ancients"-, plonge le plus souvent dans la dorsale Est de la France (Namur-Luxembourg-Strasbourg-Luneville- France-Comté-…), mais pas toujours. Par contre, il faut souligner l’absence d’influence provenant des rituels de l’axe Paris-Bordeaux qui donnera ultérieurement le REAA et dont on trouve de larges traces dans les rituels du "Marquis de Gages" ou ceux de "La Barre" (dont on peut trouver des copies, soit au CEDOM, soit chez LATOMIA).

J’ai donné ici un exemple assez étonnant de cette série de grades du rite primitif.

De ce point de vue, il y apparaît, sous réserve d’inventaire plus avant, une réelle scission entre les traditions rituéliques de Namur-Luxembourg et celles du reste des Pays-Bas autrichiens. Les premiers se nourrissant de la dorsale Est de la France, les autres de l’axe Paris-Bordeaux. En somme c’est un peu l’histoire des vins de Bourgogne et de Bordeaux dans la Belgique d’aujourd’hui, les Wallons se tournant d’avantage vers le Bourgogne et les Flamand vers le Bordeaux.

Je me propose donc de vous exposer dans ce blog, mon étude réalisée, étape par étape, grade par grade, rituel par rituel, du Rite Écossais Primitif, dit de Namur.

Mais d’abord une présentation générale.

Notons que vous pouvez trouver un avant-goût de cette série de publications à venir dans un article publié dans Renaissance Traditionnelle, n°173-4, 2014, de la main de votre serviteur.

Tiré du livre de Fergusson, "Scots Brigade in Holland", publié en 1901. Notons que l'origine de la loge de Namur se trouve dans la loge régimentaire de ces Scots Brigade. (Archives de l'auteur)

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Pour les rituels des trois grades symboliques, nous possédons trois sources différentes.

1. Il existe un jeu incomplet de rituels du Rite Écossais Primitif en 33 grades dans les archives du Suprême Conseil pour la Belgique (rue Royale) dont les trois premiers.

2. Les archives de la loge conservent les rituels manuscrits des 3 premiers grades des « Enfants de la Bonne Amitié » à l'Orient de Dinant, cette loge-fille de « la Bonne Amitié » - créée en 1838 et mise en sommeil en 1852 - ayant elle aussi pratiqué le rite primitif.

3. Enfin il existe des feuillets dactylographiés (des trois premiers grades), transcrits à partir d'un manuscrit trouvé (et actuellement perdu ?) chez un bouquiniste par le Dr Gaby Lambert dans les années 1970, qui sont complets et, à très peu de chose près, identiques aux rituels précédents.

Couverture du manuscrit de la loge "Les Enfants de la Bonne Amitié" à Dinant (Belgique), avec un joli rayon de lumière à sa surface :-)  Archives de la loge "La Bonne Amitié" à Namur.

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Pour les autres grades, un jeu presque complet des rituels des grades supérieurs (du 4^e au 33^e) se trouve au Suprême Conseil pour la Belgique (rue Royale). Ils sont de la main de P. Casimir Marchot, sauf un rituel qui vient de Pierre Darrigade qui double celui de Marchot. Ce dernier rituel, de novice-chevalier de l’Intérieur, beaucoup plus proche des rituels de Stricte Observance, lui est manifestement antérieur, et montre d’ailleurs l’orientation de certaines modifications/altérations réalisés par Marchot. Je proposerai également une discussion quant à leur datation : « vers 1812 » ? La plupart ont été publiés en fac-simile par la Fondation Latomia et nous avons pu obtenir des reproductions des autres.[¹]

Le corpus de grades du Rite Écossais Primitif se présente en quatre groupes dont les origines apparaissent différentes.

Notons que, outre "Les Enfants de la Bonne Amitié" de Dinant et les "Amis Discrets" de Nivelles, qui travaillèrent aux trois premiers grades (peut-être plus), la loge "Les Vrais Amis de l’Union" de Bruxelles furent autorisés à pratiquer les trois premiers groupes, alors que le quatrième groupe, portant sur l’Ordre Intérieur de "Stricte Observance", se réalisait uniquement à Namur. La séance solennelle d’installation des degrés du 1^er au 29^e eut lieu à Bruxelles le 27 février 1843, sous la conduite de Joseph Walter, Grand Commandeur du rite.[²]

I. Les grades symboliques et le quatrième grade sont conférés au nom de la « Loge métropolitaine d'Édimbourg » [sic].

II. Puis les grades seront donnés : par « les pouvoirs conférés » par le « Grand et Sublime Chapitre de l'Intérieur ». Un deuxième groupe s’en détache, dont la séquence est très classique pour le XVIIIe siècle, celle souvent appelée la « maçonnerie ancienne et renouvelée », qui va du 5e grade et se termine au 22e avec le Rose-Croix.

III. Ensuite on rencontre les grades dits de la "Haute Science" (Philosophique au REAA), préparatoires à l'Ordre Intérieur, qui vont du 23e au 29e grades. On y trouve principalement des grades qui se rapportent au 'templarisme'.

IV. et enfin les quatre grades de l'Intérieur du Temple, dont celui de novice-chevalier proviennent du Régime de la Stricte Observance Templière, cependant avec des particularités que nous examinerons. Par contre ceux de préfet et de commandeur sont plus hétérodoxes, quoique. Nous en proposerons une discussion lorsque nous aborderons l’ « Intérieur ».

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La série complète se compose donc ainsi ; j’indique les titres tels qu'ils apparaissent sur les cahiers de rituels, sauf forcément ceux manquants (en italique), pour lesquels je reprends les titres de la « Circulaire de 1818 » :

(1) Apprenti ; (2) Compagnon ; (3) Maître ; (4) Maître Parfait (en fait un 'passed the chair') ;

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(5) Maître Irlandais ; (6) Élu des 9 ; (7) Élu de l'Inconnu ou de Perignan ; (8) Élu des 15 ; (9); Maître Illustre ; (10) Élu Parfait ; (11) Petit Architecte ou Apprenti écossais ; (12) Grand Architecte ou Compagnon écossais ; (13) Sublime Architecte ou Maître écossais ; (14) Maître en la Parfaite Architecture ; (15) Royal-Arche ; (16) Noachite ou Chevalier prussien ; (17) Chevalier de l'Orient ou de l'Épée ; (18) Prince de Jérusalem ; (19) Vénérable des Loges ; (20) Chevalier d'Occident ; (21) Chevalier de la Palestine ; (22) Rose-Croix ;

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(23) Sublime écossais ; (24) Chevalier du Soleil ; (25) Grand Écossais de Saint-André ; (26) Sublime Prince du Royal Secret ou Chevalier de Saint-André, gardien fidèle du Tabernacle Sacré ; (27) Chevalier de l'Aigle noir ; (28) Chevalier Kadosch ; (29) Grand Élu de la Vérité.

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(30 & 31) Novice de l'Intérieur et Chevalier de l'Intérieur (Marchot) /ou/ Novice et Chevalier de l’Intérieur du Temple (Darrigade) ; (32) Préfet de l’Intérieur du Temple ; (33) Commandeur du l’Intérieur.

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2Liber, Philippe. Les Vrais Amis de l’Union et du Progrès réunis. Éditions du Grand Orient de Belgique, 2007, p 122.

 

Deux premiers feuillets du courrier de Goblet d'Alviella du 29 mars 1909, annonçant le dépôt de son essai sur la loge "La Bonne Amitié" de Namur qui sera publié cette même année, et où il décrit le premier sceau connu de la loge namuroise "La Bonne Amitié". CEDOM-Bruxelles

 

 

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