GLUA, la technique du noeud coulant ...

Publié le 28 Mai 2014

La "régularité à l'anglaise" !

 

 

Premier document :

 

Voici un document majeur et peu connu : "Le livre blanc 1960 des Pays-Bas."

 

J'ai hésité compte tenu de sa longueur, cependant, le commencer, c'est le terminer :-)

Il s'agit du compte rendu de la réunion du 30 octobre 1959, et de courriers avant et après cette réunion, entre les représentants de la GLUA (Grande Loge Unie d'Angleterre), des Grandes Loges d'Irlande et d'Écosse, du Grand Maître Davidson du Grand Orient des Pays Bas (voir Convention de Luxembourg) et du représentant des Grandes Loges Unies d'Allemagne. Ils portent principalement des relations avec la GLdF (Grande Loge de France).

 

Deux éléments importants pour situer: cette réunion fait suite à la rupture unilatérale par la GLdF (ou plus exactement la suspension) de ses relations avec le GOdF (Grand Orient de France), le 19 septembre 1959. D'autre part, cette publication provient directement du Grand Orient des Pays-Bas, ... et publiée, pour la traduction française, ... par le GOdF en 1960 (compte rendu et courriers de l'époque). C'est dire si c'est resté en travers de la gorge du Grand Orient des Pays-Bas (et pas seulement) !!!

 

Doit-on vraiment s'étonner de ce qui se passe aujourd'hui?

 

Il faut néanmoins contextualiser. La fin des années 50 coïncide avec les périodes les plus virulentes de la guerre froide. Les américains et les anglo-saxons, vainqueurs de la dernière guerre, font toujours la chasse aux "crypto-socialistes/communistes", et le GOdF devait leur apparaître bien suspect. Le maccartisme et ses listes noires, bien que clos officiellement en 1954, font encore des ravages dans l'esprit de beaucoup.

 

Les éléments de ce document sont donc fidèlement rapportés dans leur traduction française. Ils permettent de comprendre réellement ce qu'est la régularité aux yeux des Anglais, leur signification du GADLU, et pourquoi, à mon avis, les positions de la GLdF sont en réalité fort éloignées de celles de la GLUA.

 

En résonnance, la recherche d'un positionnement concernant cette régularité et notamment celle concernant la signification à attribuer au GADLU, au sein de la direction de la GLdF durant les années 1950. On suit parfaitement cette recherche évolutive dans l'opuscule de Henri Jullien, ancien GM-adj de la GLdF, écrit en 1959, au sortir de la rupture de la GLdF avec le GOdF.

 

Sur le plan stratégique, on observe, comme si on y était, la logique du noeud coulant pratiquée par les Anglais, et comment ils vont amener le Grand Maître Davidson (Grand Orient des Pays-Bas) à démissionner de sa charge au bout du processus (1961), pour avoir défendu les intérêts de la GLdF, et comment les Grandes Loges Unies d'Allemagne seront réduites à merci.

 

 

Second document :

 

Je mets un court document complémentaire, c'est le courrier de démission du GM Davidson du GO-PB en 1961.

Lors de la conférence de Londres, il avait déclaré que le compte-rendu de la conférence de Bruxelles de l'année précédente lui faisait porter des propos qu'il n'avait jamais tenu. Dans le courrier de démission, par ailleurs fort courageux, il revient sur ce type de déclaration et le regrette.

On comprend que dans un tel climat de déclarations changeantes et de promesses non tenues, les obédiences approchées furent ballotées d'un côté et de l'autre et toutes connurent une ou des scissions, sauf au niveau des deux pôles: la GLUA et le GOdF.

 

Notons les annotations d'époque sur ce document, issu comme le précédent du Livre Blanc du GOB, paru en 1961.

 

 

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Piqué au Monde et à Cactus !

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Rédigé par Christophe de Brouwer

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H
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C
Thank you !
C
Japon, je ne sais pas.<br /> De toute façon, ni les anglais, ni personne ne sont à une contradiction près !<br /> Frederic Bastiat, un économiste français du temps de PJ Proudhon expliquait bien cela dans son aphorisme: &quot;Je pense que détruire une erreur, c'est édifier la vérité contraire.&quot;<br /> En paraphrasant: détruire l'erreur GLdF, c'est construire la vérité GLUA. Il me semble que c'est ce qui ressort de ce document &quot;livre blanc 1960 Pays-Bas&quot;. Apparemment un dialogue de sourd, mais seulement en apparence.<br /> (Est-ce si étonnant que cet économiste soit bien mieux connu en Angleterre qu'en France ?!)
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C
Un excellent article de Roger Dachez dans le &quot;Chaîne d'Union&quot; n°62 : &quot;Régularité et reconnaissance : réflexions historiques sur une équivoque maçonnique&quot;.
C
Oui, le GADLU à l'anglaise est une divinité que l'on doit adorer, quelque soit la religion, il ne peut y avoir de liberté de conscience à ce sujet. La bible est le symbole de la divinité, mais cela peut être un autre livre-symbole &quot;divin&quot;. Il y a donc, pour les anglais, une différence nette entre une transcendance (GLdF) libre d'interprétation (quasi synonyme d'athéisme), et l'adoration du divin vivant. <br /> Ceci dit, la construction des &quot;landmarks&quot; anglais fut lente, et ne trouvera une formalisation qu'en 1928. Mais cela ne veut pas dire que l'affirmation du divin est neuve. Par exemple, on voit très bien le clivage entre la notion du GADLU de type GLdF par rapport aux anglo-saxons, lors du célèbre convent international de Lausanne de 1875, où les suprêmes conseils américains et écossais, rejoint par les Irlandais, vont refuser l'interprétation du GADLU votée par ce Convent (qui était celle de la GLdF), et former une alliance anti-convent de Lausanne et anti-GLdF. (Le GOdF n'y a pas été invité, car ininvitable!!!) De façon peut-être paradoxale, en apparence seulement, le SC anglais va rompre avec cette ligue anti-convent, pour des raisons probablement tactiques aux rapports de force avec les écossais. Ce n'est qu'en 1892 qu'un concordat fut trouvé entre anglo-saxons, avec comme base: &quot;La franc-maçonnerie proclame comme son principe nécessaire et fondamental une croyance en l’existence d'un dieu véritable et vivant.&quot; <br /> (Le livre de A Bernheim, &quot;le rite en 33 grades&quot; explique bien cet épisode fondateur des antagonismes maçonniques mondiaux.)<br /> <br /> Puis, il y a la stratégie. Les anglais se sont bien accommodés de la définition du GADLU-GLdF de 1875 à 1892, le temps de &quot;faire la peau&quot; aux écossais, qui l'ont au moins aussi tanné qu'eux!!! <br /> De même, dans l'épisode 1950, leurs positions extrêmes a probablement un relent tactique. En tout état de cause, les anglo-saxons étaient les grands vainqueurs de la dernière guerre, et ils en ont pleinement profité, pour asseoir leur hégémonie maçonnique. La franc-maçonnerie française et belge ont fait, dans leur majorité, de la résistance, en ordre dispersé c'est vrai, mais ils ont maintenu et/ou créé leur propre voie, originale, en ce compris la GLdF ainsi que les maçonneries mixtes et féminines. C'est tout à leur honneur et ce fut étonnamment réussi si l'on compare la situation de 1959 et celle de 2012 :-)
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C
Si les réguliers anglais sont stricts à ce point sur le GADLU qui est Dieu et la Bible qui est sa Volonté révélée, comment ont-ils fait pour initier, aux Indes, des hindouistes, à Hong-Kong et ailleurs, des bouddhistes et taoïstes, (cf le poème de Kipling, Ma Loge mère) ? Les loges régulières au Japon n'admettent elles que des chrétiens, juifs et musulmans ? Avez vous là dessus des données historiques et une interprétation ? Merci d'avance pour vos réponses.
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